“La sensation des algues qui me frôlaient les jambes sur la plage d’Avenches ne me laissait déjà pas indifférent il y a quinze ans. Ramasser des coquillages vides sur le rivage, s’imaginer ce qui se trouvait de l’autre côté du lac, regarder les chevaux se baigner, tenter d’attraper les poissons qui se faufilaient entre mes jambes : les trois lacs me sont familiers depuis mon enfance.

Quelques années plus tard, je me retrouve à immortaliser ces eaux. A la proposition du Musée de Morat, j’ai réfléchi sur les endroits naturels que je connaissais vraiment. Ils étaient, au final, peu nombreux. J’étais cependant persuadé de trouver matière à une quête photographique d’un an. J’ai alors sorti une carte et j’ai inscrit les points qui m’étaient connus. Je suis parti à la découverte de ceux que je ne connaissais pas. S’enfoncer un matin dans les roselières brumeuses du lac de Neuchâtel, pédaler le long de l’île St-Pierre à l’automne, me rendre sur le débarcadère de Morat durant la nuit, tous ces petits trajets devinrent progressivement des habitudes. J’ai cherché à montrer, avant tout, une vie sauvage très commune, à la portée de chacun d’entre nous.

Réaliser ce projet aux côtés de Michel Roggo fut un honneur. C’est un photographe dont j’avais découvert les images pour la première fois à la télévision. J’étais tout juste adolescent et je trouvais sa pratique fascinante.” – extrait de la préface du livre “3 Lacs”, ed. Werd & Weber