La série est le reflet d’errances dans ma région natale (la Broye en Suisse), à travers des champs de culture presque dénués de toute trace de vie. Comme dans la peau d’un photographe se livrant à un territoire radioactif, je suis parti en quête d’images… des images manipulées par mon regard puisque la région n’est en rien dangereuse. Un scénario qui aurait pu être différent si l’accident de la centrale nucléaire située quelques kilomètres plus loin n’avait pas été maîtrisé cinquante ans auparavant. J’ai cherché à transmettre un climat inquiétant, austère et insaisissable, comme l’impression que me donnaient ces paysages «désertiques de biodiversité» depuis toujours.
Les lieux sont calmes, le plus souvent sans figure humaine. Les quelques coups de flash évoquent la présence du photographe qui tente de résister face aux conditions difficiles. Des clichés d’animaux dialoguent avec les paysages. La surexposition est récurrente : elle fait écho à l’effet puissant de la radioactivité sur les films photographiques, visible par exemple dans certaines images de Tchernobyl.
Des blancs, des gris, des noirs, rongés par le poison. Des couleurs vives qui interpellent, attirent ou repoussent. Elles sont saturées, presque « trop belles », et évoquent quelque chose de chimique, de nocif. On ressent l’écoulement de plusieurs journées, mais dont le temps semble se dilater ou se contracter de manière aléatoire. Les couchers de soleil peuvent être longs et les nuits courtes. Les montagnes peuvent ressembler à des vaches et les éclipses à des tubes de plastique. Mais non, tout ceci n’existe pas.
Travail personnel
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